Bismillāhi-r-Rahmāni-r-Rahīm
Louange à Allāh et que la paix et la salut d’Allāh soient sur Son messager (şallallāhou ‘alayhi was-sallam) ainsi que sur ses compagnons.
Une photo, sensée indiquer des points à traiter, est, en ce moment, largement diffusée sur différentes pages se voulant versées dans le domaine thérapeutique.
Ces dites pages ne sont, aux bas mots, en réalité versée que dans l’ignorance, et pour cause, cette photo emplie de calembredaines apparaissant sur leur fil d’actualité.
Tout d’abord, nous avons du mal à discerner s’il s’agit de points correspondants à la pratique de la hijāmah ou à celle de la rouqyah.
En effet, le dessin représentant celui du corps humain est semblable à celui que l’on retrouve dans la plupart des livres traitant de la hijāmah, bien que dans bon nombre d’entre eux les points indiqués sont erronés, cependant que les pathologies inscrites sont de nature occultes.
En somme, rien n’est indiqué pour savoir comment procéder. Faut-il réciter du Coran ? Placer des ventouses ? Vaporiser de l’eau coranisée ? Appliquer de l’huile coranisée ?
Force est de constater que le patient est livré à lui-même et peut, de ce fait, le pousser à commettre des choses insensées, voire dangereuses, nonobstant le fait qu’il s’enfonce dans un imbroglio plus grand que celui dans lequel il était auparavant.
Ensuite, nous avons déjà expliqué que la hijāmah sert essentiellement à traiter des pathologies organiques et non occultes.
Ce qui ressort effectivement des ahādīth parlant de la hijāmah et de la rouqyah (notamment dans le Şahih de Mouslim n°(2198) [5726], n°(2199) [5727] et autres), c’est que le Prophète (şallallāhou ‘alayhi was-sallam) a usé de la hijāmah dans le cadre de maladies corporelles et non ésotériques.
A l’inverse, il a préconisé l’usage de la rouqyah pour les problèmes liés aux maux occultes principalement.
De ce fait, mélanger l’utilisation de la rouqyah et de la hijāmah est contraire aux textes scripturaires, sans parler des risques (pour ne pas dire les dangers) que cela engendre comme nous l’avons démontré brièvement en live et que nous détaillerons davantage dans un ouvrage consacré à la science de la hijāmah inshaAllāh.
Venons-en maintenant aux points répertoriés sur la photo…
Un raqy basique ainsi qu’un praticien peu expérimenté constateront rapidement que ce dessin est manifestement inexact dans son ensemble.
Si nous analysons les points référencés ainsi que leur légende respective, il devient évident que ceci relève de l’aberration plutôt que du professionnalisme.
En effet, les points ne correspondent pas à ceux connus dans la science de la hijāmah et encore moins aux maladies qui y sont associés.
Le mauvais œil (indiqué par le mot ‘ayn sur le schéma) ne se situe pas au milieu du dos mais peut toucher l’ensemble du corps.
D’ailleurs, dans le hadīth rapporté par Mālik dans son Mouwațțā° n°1804 et n°1805 et d’autres, le ‘ayn frappa l’ensemble du corps du şahāby Sahl ibn Hounayf sans pour autant causer des douleurs dorsales.
Et dans la version du Şahīh d’al Boukhāry n°5739 et celui de Mouslim n°(2197) [5725], il s’agissait d’une jeune fille dont le visage devint jaunâtre.
Quand bien même il causerait un mal au centre du dos, ceci reste assez rare. C’est donc le comble que de renvoyer cette partie du corps à un « forte ‘ayn » (nous reprenons le vocable mentionné même si pour nous il s’agit d’une faute d’orthographe) !
D’autant plus que les ahādīth en question ainsi que ceux de Boukhāry n°5738 et 5739, et Mouslim n°(2195) à (2197)/[5720] à [5725] nous donnent des solutions pour traiter le mauvais œil :
« (…) Fais tes ablutions pour qu’on puisse le soigner ».
« (…) On versa l’eau recueillie de ce lavage sur Sahl qui put alors rejoindre ses compagnons, soulagé de tout ce dont il souffrait ».
« Le messager d’Allāh (şallallāhou ‘alayhi was-sallam) ordonnait de se faire exorciser contre le mauvais œil ».
Pourquoi donc faire différemment que le conseil prophétique ?!
De même, le sihr peut lui aussi affecté l’ensemble du corps et non les endroits indiqués sur la photo.
De plus, il n’est pas courant que les personnes atteintes de sihr ressentent des douleurs ou des blocages au niveau des chevilles ou sous les omoplates (même si cela peut arriver dans certains cas, bien qu’ils soient peu nombreux).
Les effets du sihr sont tellement variés que de réduire son toucher sur ces parties est tout simplement burlesque.
En outre, le traitement du sihr s’opère, d’une part, par la rouqyah (comme le montrent certains ahādīth déjà mentionnés), d’autre part, le raqy agit, dans un premier temps, en fonction du type de sortilège, à savoir, si le sihr est intérieur ou extérieur.
Puis, il orientera la rouqyah suivant les symptômes créés par ledit sortilège.
Par conséquent, il ne se verra pas toucher les parties du corps mentionnées sur l’image.
Par ailleurs, le sihr confectionné dans le but d’apporter des blocages à la victime s’étendent généralement aux domaines de la vie courante comme le travail, le mariage, la subsistance et pas nécessairement une maladie, encore moins aux emplacements indiqués.
Il en est de même pour ce qui est appelé « sihre noué », termes curieusement synonymes de « sihre blocage ».
On voit par là tout l’étendu du sérieux de cette représentation…
Nous avons gardé le meilleur pour la fin…
Encore une fois, les symptômes du djinn pervers n’ont pas nécessairement de lien avec les points répertoriés.
Le djinn pervers approche la victime par l’intermédiaire des rêves ou des attaques nocturnes, pouvant aller jusqu’aux attouchements et plus, si la personne ouvre des portes qui lui sera difficile de refermer.
Aucune corrélation n’est donc à faire avec ce qui est mentionné sur la photo.
De surcroît, comment traiter les endroits référencés concernant soi-disant le djinn pervers ?
Sachant que l’application des ventouses n’ont pas de rapport avec ce mal ésotérique, on se voit mal réciter du Coran près du postérieur du patient… Imaginez un raqy réciter sur une femme à cet endroit… en fait non, n’imaginez pas.
Quoiqu’il en soit, si j’étais le mahram de cette personne et que je constaterais ce genre de procédé, inutile de vous dire comment ce raqy pourrait terminer…
Vous l’aurez compris, cette image largement partagée dans le cadre de thérapies, est en réalité une cause de confusion et potentiellement de pathologies ou d’aggravation de maladies, qui plus est, contraire aux textes scripturaires.
Qu’Allāh nous préserve de ces publications rocambolesques.
Wa Allāhou ā’lam.
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