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Comme toute science qui a sa place dans la religion, il est important d’en savoir son statut dans la jurisprudence avant de l’apprendre. Étant donné que c’est une science sensible, il est important de savoir les limites que l’islam nous a donné quant à son utilisation. Cela nous permet aussi de nous déresponsabiliser vis à vis d’Allah de ce que nous publierons sur ce sujet inshaAllah, et de ce que peuvent en faire les gens.

Est-il permis à un juge (islamique) de juger entre les gens en utilisant la firassa ?

Ibn al Qayyim dit :  » J’ai été questionné à propos du wali ou du hakim (gouverneur/juge) dans le fait de juger en utilisant la firassa en utilisant les éléments extérieurs qui montrent des dalils véridiques (sur les personnes et la situation), sans se préoccuper sur ce qui est apparent de la situation (aux yeux de la masse), même si les accusés ou adversaires peuvent être menacés (par ce jugement) et condamnés s’il apparaît au yeux du juge qu’ils sont réellement fautifs. Et il se pourrait que le juge demande à l’accusé d’exposer la réalité de la situation (qu’il cache). Alors est-ce une bonne manière de procéder ou une erreur ?

En effet, cette question est d’une énorme importance et très bénéfique, d’un poids considérable. Si le gouverneur ou le juge n’y tient pas compte, il bafouera l’équité entre les gens et sera injuste, par contre s’il donne à cette question l’importance qu’elle doit avoir sans prendre en considération les points islamiques et juridiques sur cela, il tombera dans différents types d’injustices et de corruptions. Abou el wafa2 ibn ‘aqil a été questionné sur ce point, et il dit :  » Il est permis d’utiliser ces éléments extérieurs, et les malikites penchent vers cette réponse, se basant sur le verset {[Joseph] dit: «C’est elle qui a voulu me séduire». Et un témoin, de la famille de celle-ci témoigna: «Si sa tunique [à lui] est déchirée par devant, alors c’est elle qui dit la vérité, tandis qu’il est du nombre des menteurs. Mais si sa tunique est déchirée par derrière, alors c’est elle qui ment, tandis qu’il est du nombre des véridiques} [Sourate Yussef, versets 26-27].
Fin de citation
[Ibn al Qayyim el Jawziya, kitab el Firassa page 5].

La firassa a été évoqué dans l’explication de plusieurs versets dans le Coran, comme celui-ci : {Aux nécessiteux qui se sont confinés dans le sentier d’Allah, ne pouvant pas parcourir le monde, et que l’ignorant croit riches parce qu’ils ont honte de mendier – tu les reconnaîtras à leur aspect – Ils n’importunent personne en mendiant. Et tout ce que vous dépensez de vos biens, Allah le sait parfaitement} [Sourate Al Baqara, verset 273].

{(…) tu les reconnaîtras à leur aspect (…)}, c’est-à-dire aux signes auxquels ils se distinguent, et pour les reconnaitre il faut avoir la firassa du croyant et l’expérience d’un connaisseur.

En effet, il se peut qu’une personne ait l’apparence d’un pauvre sans l’être, et inversement. Quelqu’un peut avoir l’apparence d’un pauvre mais prend garde à bien s’habiller par fierté alors qu’il est lui même dans le besoin, et que celui qui a l’apparence d’un pauvre peut tromper. [tafsir el mounir, 78/3].

Il en est de même pour le verset : {Or, si Nous voulions Nous te les montrerions. Tu les reconnaîtrais certes à leurs traits; et tu les reconnaîtrais très certainement au ton de leur parler. Et Allah connaît bien vos actions.} [Sourate Muhammed, verset 30].

« La firassa véridique est pour le coeur qui s’est purifié, qui a expulsé les souillures et s’est rapproché d’Allah. Il verra alors avec la lumière qu’Allah aura mis dans son coeur ».
[Ibn al Qayyim, l’âme, 238/1].

Parmi les bienfaits de la firassa, la prémonition du mal des gens et prémunir autrui d’un mal.

Il a été rapporté de la firassa d’Ibn Abbas, qu’Allah l’agrée, qu’un homme l’a questionné :  » Est-ce qu’il y a un repentir au meurtre ? » Ibn Abbas lui répond : « Non ». Un autre homme lui pose la même question, et il répond : « Oui ». Ibn Abbas a été questionné sur les deux réponses différentes et il dit : « J’ai vu dans les yeux du premier l’intention de tuer, et je l’en ai empêché, quant au deuxième, j’ai vu en lui le regret d’avoir tué, et je n’ai pas voulu le désespérer. » [Qawa’id el fiqh 1/581].

« Il se peut que sa conclusion (ibn Abbas) s’est fondée sur des signes cachés qu’il a su observer, et il se peut que ça soit des inspirations divines (ilham) qu’Allah a mis dans son coeur auxquelles il a fait parler sa langue. Et c’est cela la firassa, une lumière qu’Allah met dans un coeur qui perçoit cette inspiration, qui par la suite voit les choses se confirmer comme il l’avait senti, et qui (l’inspiration) se dégaine au niveau de l’oeil pour ensuite percevoir ce que d’autres ne perçoivent pas. » [Ibn al Qayyim, l’âme, 1/240].

Cette firassa explicitée par Ibn el Qayyim est purement spirituelle.

Même si nous enseignons certaines clefs de cette firassa, beaucoup ne pourront pas en comprendre le contenu.

« Il y a des milliers d’années, les arabes étaient connus de toutes les civilisations pour l’utilisation de la firassa dans leur vie. Ils lisaient sur le visage des gens comme s’ils lisaient sur un livre ouvert. Ils savaient des détails précis sur eux, le degré de leur courage ou leur lâcheté, ce qu’ils veulent… » [‘ilm firassat el wajh, p12].

Ils ont aussi été connu pour utiliser différents éléments qui prouvent leur firassa tels que :

– El qiyafa (firassa de la création) : Connaitre les gens à travers leur peau, la forme des membres du corps, leur arbre généalogique. [El firassa baynal amssi wal yawm, p9].

– El riyafa (firassa de la création) : Connaitre la profondeur de l’eau sous terre en sentant l’odeur de la terre, en observant la flore environnante et les mouvements de la faune. [El sabeq, p9].

– El ‘iyafa (firassa de la création) : Le fait de suivre et analyser les empreintes de pas, de sabots, de fosse creusée, sur tout type de terre et de routes. [El sabeq, p9].

– El ikhtilaj (firassa de l’âme/spirituelle) : C’est le fait de savoir ce qui arrivera à la personne sur des mouvements inconsciemment/involontairement fait d’un membre du corps de la tête au pied. [El sabeq, p9].

– El ikhtilaj fait partie des sciences de la firassa.

Abou El khair a dit : « C’est une science qui recherche la manière d’utiliser les éléments présents sur les membres du corps de la tête au pied, ou les éléments environnants, pour savoir ce qui arrivera à la personne concernée (sur un passé, présent, ou futur). L’objectif de cette science (ikhtilaj) est évidente mais nous ne devons pas en dépendre à cause de sa faible fiabilité. J’ai vu sur cette science de brefs écrits qui étaient inutiles ».
[Nil el wata2 fi tarajum rijal el yemen, p181].

Effectivement, il n’existe pas d’écrits fiables auxquels nous pouvons nous baser concernant cette sous catégorie de la firassa, qui est El ikhtilaj, une des branches la plus importante et la plus élevée dans la firassa rohiya/spirituelle. Cette catégorie de la firassa est très sensible, et certains coeurs n’ont pas la possibilité de l’apprendre et de la comprendre, même en lisant la théorie et la pratique.

Quelques exemples sur ce type de firassa avec l’explication :

– Al Safdi a dit : « Il m’a été rapporté de Baha el Dine Abou Bakr ibn Ghanem : « Nous étions chez lui (un salaf) un jour à Damas, et deux hommes sont venus à lui, l’un d’eux lui dirent :  » J’ai vu un rêve et j’aimerais que tu me l’interprètes… ». Le salaf le coupe en pleine phrase et lui dit :  » Tu n’as rien vu, tu es simplement venu me tester ». Les deux hommes reconnurent par la suite, et il lui dirent :  » Comment l’as-tu su ? » Le salaf dit :  » Lorsqu’ils sont venu à moi, j’ai vu sur une de leur cape une tache de sang, et je me suis rappelé du verset {Ils apportèrent sa tunique tachée d’un faux sang […]} [Sourate Yussef, verset 18] ». [Al wafi bil wafiyate 49/7].

– Un jour, je (l’admin de la page) discute avec un ami qui est un cheikh. Je lui parle à propos d’un frère qui a reçu 300€ d’une personne. Il me dit :  » Ils se connaissent depuis 3 mois ? »

Je questionne le frère sur cela, et il me confirme. Explication : les zéros ne comptent pas, du chiffre 3 a été conclu les 3 mois.

– Un jour Omar ibn el Khattab passa devant un homme noir en présence de sa femme noire :  » Ô émir des croyants, je suis noir et ma femme noire, et elle a mis au monde un enfant rouge (roux) ! » La femme dit :  » Par Allah je ne l’ai pas trompé, mais c’est son fils !  » Omar resta silencieux ne sachant quoi dire. Ali qui était présent, s’adressa à l’homme et lui dit :  » Si je te questionne, me répondras-tu sincèrement ? » L’homme dit :  » Oui par Allah ». Ali dit :  » Est-ce que tu as consommé avec ta femme pendant qu’elle avait ses menstrues ?  » L’homme répondit :  » Oui  » . Ali dit :  » Allahou akbar, lorsque la semence de l’homme se mélange avec du sang, Allah sbwt crée de celle si une créature rouge (roux), alors ne renies pas ton fils, car c’est toi qui t’es mis dans cette gêne. »
[Al tourouq el hukmiya, ibn al qayyim, 119-120/2].

El ikhtilaj, est un type de firassa bien compliqué, car nous sommes entourés de centaines d’objets au quotidien.

Mais sur quoi se baser pour firasser l’intérieur ou l’extérieur d’une personne, connaitre les moindres détails de près ou de loin ? Là est le secret…

La firassa spirituelle est bien plus vaste et profonde que cela. Elle n’a pas de limite. Ibn al Qayyim dit à propos de la firassa d’Ibn Taymiyah sur un point parmi tant d’autres :  » De nombreuses fois, il m’a informé de ce que j’avais l’intention de faire sur des choses qui me concernent personnellement, sans même que j’en parle. » [Madarij el salikine, ibn al qayyim, 189-190/2] [Al bidaya wa nihaya, ibn kathir, 24-26/14].

À suivre…

Votre frère en Allah.

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